Premières expositions
1946-1949
En juin 1946, alors qu’il fréquente encore l’école, Beat expose pour la toute première fois, et récolte son premier article de presse élogieux : « Dans la vitrine du marchand d’art Dobiaschofsky sur le Hirschengraben, Beat Zumstein expose actuellement une série d’aquarelles qui peuvent captiver par leur particularité. Le traitement audacieux des motifs, les motifs eux-mêmes – là un chantier, là un bâtiment, là un étang gelé ou un piton rocheux escarpé, la sécurité dans la ligne et dans la coloration, tout cela produit une harmonie et un charme décoratif insolite. » (Bund, Aus der Berner Kunstleben – 25 juin 1946). Nous n’avons pas trouvé trace de ces aquarelles de jeunesse.
Sa formation éclectique lui permet de s’établir l’année suivante comme sculpteur, dans son propre atelier, probablement financé par son père. Beat aborde aussi en cette année 1947 une technique difficile, la gravure polychrome sur bois. Cette pratique très ancienne est utilisée par l’imagerie populaire jusqu’au XVIIe siècle. Supplantée par la gravure sur cuivre, elle est redécouverte pour ses vertus de fraîcheur et de simplicité à la fin du XIXe siècle. Des artistes comme Vallotton, Paul Gauguin et Edvard Munch se l’approprient chacun dans des directions extrêmement personnelles.
Côté sculpture, Beat produit tout d’abord une série de bustes assez académiques, dont un visage marquant (Kopf II), et quelques projets de statues dont bien peu resteront debout : mais il osera présenter « Madeleine G », un nu féminin aux formes débordantes, à l’exposition de Noël 1948 de la ville de Berne (Weihnachtsausstellung bernischer Maler, Bildhauer und Architekten, 1948). L’œuvre y sera remarquée, et Beat récoltera une bourse de 250 francs suisses.
Entre 1948 et 1950, il produit plusieurs autres figures féminines, très diverses de styles et de matières. Les titres sont souvent bibliques, mais Beat semble préférer les grandes figures de femmes héroïques ou pécheresses. Cambrée, les bras derrière le dos, le ventre saillant, les jambes croisées, « Judith ohne Holophern » est en bois, entièrement recouverte de plaques d’aluminium ; sa « Frau Potiphar » est un nu en plâtre aux mains tendues.
Cette série féminine culmine en 1950 avec « Herbst-Zeitlose » (Automne-l’Intemporelle), un nu féminin en bois, à la pose tendue et très cambrée, aux formes extrêmement élancées. Beat montrera beaucoup cette œuvre au cours des années suivantes, en Suisse et dans les premières expositions parisiennes. Plus tard, quelque peu gêné par le visage assez plat, il en produira d’autres versions sans tête, pour accentuer l’effet de sa plastique singulière
En 1949 enfin, Beat aborde une manière nouvelle, influencée notamment par sa rencontre avec la sculpture médiévale. Sa pièce la plus remarquable est une sculpture intitulée « Marabout », un vieux sage à cheval présentant sa paume ouverte. Cette pièce sera achetée en 1957 par le musée des Beaux-arts de Thun. Nous avons fait le tour de la production sculptée de Beat Zumstein. A partir de 1951, tout en exposant régulièrement ses sculptures, il consacre l’essentiel de ses efforts à la gravure polychrome sur bois. En 1953, la ville de Berne lui commande une frise pour l’entrée d’une école maternelle, une sculpture sur bois titrée Kinderszenen (Scènes d’enfants). En 1955 il livre une dernière œuvre, isolée, qui semble la synthèse de ses expérimentations précédentes : une fontaine surmontée d’une statue d’inspiration médiévale, une Mère à l’enfant commandée par la ville de Thun pour le jardin de l’église de Lerchenfeld.